CARNET DE NOTES

Dernière mise à jour : 15/08/2015 → liste des notes

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Cette rubrique « carnet de notes » a vocation à accueillir de brefs articles qui ne font pas encore l'objet d'une page ou d'un chapitre structuré sur le site. Des sortes de post-it ! Ils porteront principalement sur l'histoire de la M201 en cette année de 60e anniversaire !

Note 03 : Mais où est la M201 n°1 ?

La plus ancienne M201 identifiée par Andy CARTER, recenseur en chef des M201 via la Database M201, porte le numéro 156. Où sont donc passées les premières M201 ?

On pourrait penser que les plus anciennes M201, produites en 1955, aient été détruites au cours de leur carrière. Mais cela est surprenant lorsque que l’on voit que des « early » MB et GPW à la carrière autrement plus longue ont traversé les ans pour parvenir entre les mains d’heureux collectionneurs.

Un document du groupement Auto-Chars de la Section Technique de l’Armée de Terre (STAT) du 8 août 1955 livre une piste. Il précise l’affectation pour tests d’endurance de 22 jeeps prélevées sur les 80 premières recettées par l’armée :

N° immatriculation

N° de châssis Armée (*)

Affectation

Caractéristiques particulières

49137

157

STAT (Satory)

 

49141

161

602e GCR

 

49145

165

STAT (Satory)

 

49150

170

602e GCR

 

49151

171

STAT (Satory)

Joints homocinétiques BENDIX

49152

172

602e GCR

Pompe à huile EATON à 2 étages

49153

173

602e GCR

Joints homocinétiques BENDIX

49154

174

STAT (Satory)

(**)

49155

175

STAT (Satory)

(**)

49159

179

STAT (Satory)

 

49163

183

602e GCR

 

49168

188

STAT (Satory)

 

49172

192

602e GCR

 

49177

197

STAT (Satory)

 

49181

201

602e GCR

 

49186

206

STAT (Satory)

 

49190

210

602e GCR

 

49195

215

STAT (Satory)

 

49199

219

602e GCR

 

49204

224

STAT (Satory)

 

49209

229

602e GCR

 

49215

235

STAT (Satory)

 

(*) les numéros de châssis sont précisés dans le document pour les véhicules affectés à la STAT. Ils sont déduits pour ceux affectés au 602e GCR.
(**) Joints homocinétiques BENDIX / pompe à huile EATON à 2 étages / Direction à doigt renforcé / Boite de transfert à axe intermédiaire et roulements renforcée.

De ce document qui échantillonne 22 des 80 premières M201 produites, on déduit qu’une fourchette possible pour ces 80 jeeps serait les numéros d’immatriculation 49136 à 49215 ce qui correspond à des numéros de châssis armée 156 à 235.

Fin septembre 1955, il est décidé que dix autres jeeps seront confiées au 401e RAA pour tests. 8 sont apparemment issues de la dernière tranche des 140 premières M201 6V : immatriculations 49220 à 49271.

N° immatriculation

N° de châssis Armée (*)

Affectation

Caractéristiques particulières

49184 (**)

204

401e RAA

Boîte de transfert à axe renforcé

49185

205

401e RAA

Boîte de transfert à axe renforcé

49220

240

401e RAA

Pompe EATON - Joints BENDIX

49226

246

401e RAA

Joints homocinétiques BENDIX

49242

262

401e RAA

Joints homocinétiques BENDIX

49248

268

401e RAA

Joints homocinétiques BENDIX

49249

269

401e RAA

 

49250

270

401e RAA

 

49251

271

401e RAA

 

49271

291

401e RAA

Pompe EATON - Joints BENDIX

(*) les numéros de châssis sont déduits.
(**) il est possible que ce soit la 49180 (numéro de châssis 200)

La fourchette possible pour la 2e tranche de 60 M201 en 6V serait les numéros d’immatriculation 49196 à 49275 ce qui correspond à des numéros de châssis armée 236 à 295.

Finalement, pour des raisons de boites renforcées défectueuses et de départ du 401e RAA vers l’Algérie, cette 2e série d’essais sera différée et confiée au 602e GCR avec les véhicules suivants (dont 7 appartiendraient à la 2e tranche des 140 premières 6V) :

N° immatriculation

N° de châssis Armée (*)

Affectation

Caractéristiques particulières

49180

200

602e GCR

Boîte de transfert à axe renforcé

49184

204

602e GCR

Boîte de transfert à axe renforcé

49185

205

602e GCR

Boîte de transfert à axe renforcé

49222

242

602e GCR

 

49226

246

602e GCR

Joints homocinétiques BENDIX

49227

247

602e GCR

 

49228

248

602e GCR

 

49229

249

602e GCR

 

49230

250

602e GCR

 

49231

251

602e GCR

 

Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’y aurait pas eu de M201 n°1 à 155.

A noter que les numéros de châssis donnés ci-dessus sont les numéros « armée » et non les numéros Hotchkiss qui sont supérieurs de 20 pour ceux connus. Exemple, la M201 immatriculée 49157 a un numéro de châssis Armée de 177 et un numéro Hotchkiss de 197.

Quelle explication avancer à cette absence de M201 en deçà du numéro 155 ? Une hypothèse serait la construction de quelques véhicules pour la Direction des affaires d’Outre-Mer relevant du ministère de la France d'Outre-mer (FOM). A l'époque coloniale, les dossiers concernant l'Afrique et les autres territoires relevant de la souveraineté française (à l'exception des départements et territoires d'Outre-mer) étaient traités par le ministère des Colonies, rebaptisé en 1946 ministère de la FOM. Celui-ci jouissait d’une large autonomie administrative et financière. Il passait des commandes distinctes de l’armée de terre tout comme son système d’immatriculation des véhicules militaires (Troupes coloniales rebaptisées d’Outre-Mer) ne relevait pas des mêmes règles que le reste de l’armée française. Or un compte rendu de réunion à l’usine Hotchkiss de Saint-Denis du 27 mai 1955 qui porte sur la définition des caractéristiques des premières M201 précise page 2 : « Le constructeur [...] a précisé qu’en ce qui concerne les véhicules en 6V, il s’agit de véhicules semblables à ceux déjà livrés, soit complet à la FOM, soit sous forme d’ensembles […]. 1 véhicule prélevé sur une commande de la FOM [… a] été mis à la disposition de la Section Technique de l’Armée (Transmission) pour vérification et contrôle ». Cet extrait nous apprend au moins une chose : que Hotchkiss a construit des jeeps MB licence Willys avant le lancement de la production des M201. Combien ? Sont-elles ces M201 manquantes ? Ou sont-elles les fameuses 465 jeeps mentionnés par Jean-Gabriel JEUDY dans son livre Only in a Jeep, 50 ans d'histoire d'amour franco-américaine, MASSIN, qui distinguait entre M201 et MB licence WILLYS ?



Belle transition entre les notes 2 et 3, cette jeep immatriculée 049279 est une des 150 premières M201 (vraisemblablement la numéro « armée » 299).
Elle a été livrée entre décembre 1955 et février 1956. Au volant, Bernard VESINE, essayeur pilote d'essai de véhicules à la STAT.
La photo a été prise à la fin des années 50 ou au tout début 60 à Satory ou Montlhéry. (photo famille VESINE – Martial27).

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Note 02 : Des M201 en 12 volts ?

Il n'y a jamais eu de M201 en 12V d'origine (1). Les seules M201 12V sont des ex 6V reconstruites en 12V en ERGM à La Maltournée à la fin des années Cinquante.

En 1955, le marché passé avec HOTCHKISS pour une première tranche de 150 jeeps type WILLYS MB prévoyait que les dix dernières voitures de cette tranche seraient construites en 12V avec antiparasitage complet. L’antiparasitage complet supposait des équipements électriques blindés. Or l’appareillage blindé avait déjà fait l’objet d’études et d’un début de réalisation en 24V et non en 12V. Pour ces raisons et aussi pour respecter les engagements de la France dans l'OTAN et notamment les normes issues du STANAG 2810 “Caractéristiques militaires des véhicules de servitude” qui prévoyait que la tension nominale des véhicules devait être de 24V, le voltage de ces dix dernières jeeps de présérie a été porté à 24V.

Seules deux jeeps en 24V ont apparemment été livrées comme prototypes destinés à tester les solutions techniques et industrielles d’adaptation de la M201 en 24V : puissance de la dynamo, capacité des batteries, équipements électriques, fournisseurs, antiparasitage, etc.

Les 140 premières M201 en 6V ont été prises totalement en compte par l’armée le 14 septembre 1955 (fin juillet pour les toutes premières). Hotchkiss a présenté deux prototypes en 24V le 17 novembre 1955. Ils ont été perçus pour essais par l’armée le 15 décembre 1955 :
     -     le premier (immatriculation 049278, n° de châssis armée 304) était équipé d’une génératrice de 400-450W et deux batteries de 12V 45 Ah placées sous le capot.
     -     le second (immatriculation 049282, n° de châssis armée 293) était équipé d’une génératrice de 600-900W avec régulateur et deux batteries de 12V 90 Ah placées l’une sous le capot, l’autre entre les sièges avant.

Montage des batteries 12V d’après le plan HOTCHKISS 85441 « Plaques indicatrices générales des véhicules 6 & 24V » du 13 janvier 1956.


La production en 24V a été généralisée fin 1959 avec le numéro armée 8961… Mais ceci est une autre histoire.

(1) sur le même sujet, le MAT3920, catalogue des ensembles, dans sa version de 1970 liste les moteurs des VLTT Jeep et ne référence sous la marque Hotchkiss que des moteurs 6V, 24V ou non équipé électriquement.

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Note 01 : « Pourquoi la Jeep MB ne peut-être la Jeep de l’avenir ? »

Le 26 avril 1956, la STAT (Section Technique de l’Armée – bureau Auto-Chars) rédige une note dont le caractère prémonitoire est indéniable. En effet, les tests de la M201 sont en cours et sa production ira jusqu'en 1966.

Fiche sur la jeep mb
« Pourquoi la Jeep MB ne peut-être la Jeep de l’avenir ? »

Véhicule conçu hâtivement il y a 15 ans pour une utilisation de temps de guerre et de durée limitée.

  • Moteur :

  • Soupapes latérales,

  • Non chemisé.

  • Transmissions :

  • Boîte de vitesses à 3 rapports seulement,

  • Absence de blocage de différentiels.

  • Suspension :

  • Dure et de conception rudimentaire qui limite beaucoup la vitesse en tout-terrain (éjection des occupants).

  • Pneumatiques :

  • Non conforme aux spécifications NATO (600 x 16 au lieu de 700 x 16).

  • Equipement électrique :

  • Non conforme aux spécifications NATO (6 volts au lieu de 24V (1)).

  • Antiparasitage :

  • Sommaire (1)

  • Eclairage :

  • Non conforme aux spécifications NATO.

  • Confort :

  • Très relatif.

  • Performances :

  • Légèrement inférieures dans l’ensemble à celles du programme NATO et aux possibilités techniques actuelles.

  • Tenue de route :

  • Moyenne, due en partie à son empattement court, en partie à sa suspension (nombreux accidents dans les 1ères années).

Conclusions

- Modèle périmé dans son ensemble, dépassé par tous les modèles actuels :

o les US.A. l’ont abandonné au profit de la M38 et de la M38A1.

o Tous les autres alliés étudient des modèles annexes (Austin – Minerva – Alfa-Roméo – Porsch (2) – DKW – Goliath).

- La construction de la Jeep MB en France se justifie pour faire la soudure, sans augmentation de maintenance, avec la Jeep de l’avenir (PEUGEOT… ?).

Elle ne se justifie pas comme Jeep de l’avenir, puisqu’elle serait inférieure à celles de tous les autres alliés.

(1) Note du texte original : La qualité de la transformation actuellement étudiée par la Société HOTCHKISS en vue d’équiper la Jeep MB en 24 volts avec antiparasitage complet est en cours de vérification. Cette adaptation n’est obtenue qu’au prix de modifications profondes rendant difficile l’accessibilité des organes annexes du moteur.
(2) sans « e » à « Porsch » dans le texte original.