M201 equipees infra-rouge

Le temoignage d’un utilisateur

 

 

Par Patrick MARTIN (contact : « éclaireur 67 »)

 

Nous avons perçus à la CEB3 ces équipements infrarouges assez tardivement, en 1973 si ma mémoire ne me trompe pas.

 

Chaque jeep équipée disposait de deux phares de conduite fixes, fixés en avant des longerons au niveau du pare-chocs avant, et protégés par une grille d'acier. Un phare de recherche supplémentaire, orientable à volonté, était fixé au tableau de bord par trois pattes métalliques. Un nouveau commodo disposait d'une position supplémentaire qui coupait tout éclairage et n'allumait que les phares infrarouges.

 

Chaque véhicule disposait de deux dispositifs de vision nocturne binoculaires (dont j'ai oublié la nomenclature) qui fonctionnaient sur piles et qui, une fois fixés au casque et soigneusement réglés, nous permettaient de voir tout ce qui se trouvait dans le faisceau des phares IR. En théorie, ces dispositifs devaient nous permettre de voir la route comme si nous avions roulé en pleins phares... Nous les avons utilisés une seule fois en trois ans : En effet, les véhicules étant strictement sans feux (sans même les "lucioles"), ce genre de conduite ne pouvait se faire que dans un camp fermé, sur des pistes où toute autre circulation était interdite. Pour qui a déjà pratiqué un camp de manœuvre, l'image des pistes reste évidente : Si le temps est à la pluie, c'est une "gadoue" innommable, et si le temps est sec, la poussière règne en maître. Dans un cas comme dans l'autre, tout est quasiment monochrome et peu évident, de nuit, à la lumière artificielle des phares traditionnels. Avec ces équipements IR, c'était encore pire : vision verdâtre monochrome, aucune perception du relief en dépit d'équipements binoculaires, notion des distances complètement faussée. A la suite d'un premier incident mineur, ordre a été donné aux chefs de bord d'ôter leurs lunettes pour empêcher des catastrophes et surveiller la conduite de leurs conducteurs à faible vitesse, à la seule lumière des étoiles. Après accoutumance à l'obscurité, la faible lumière ambiante nous suffisait pour voir (ou deviner) la piste et ses dangers. La preuve avait été faite que ces équipements si coûteux ne nous apportaient aucune amélioration réelle au niveau de la conduite de nuit, mettant même en danger la vie des équipages.

 

Anecdote amusante, nous avons perçu, peu de temps après les équipements infrarouges, de petits appareils passifs légers appelés "METASCOPES SIMPLIFIES" qui permettaient, a qui les utilisait, de déceler à plusieurs kilomètres la présence d'une source infrarouge. Nous devenions alors plus facilement décelables en IR qu'avec les lucioles et le phare de combat, et les équipements IR devenaient obsolètes. Ils furent rangés dans le magasin optique et n'en sortirent que pour être reversés quand la CEB fut dissoute.

 

Plus tard, l'apparition des appareils de vision nocturne à intensification de lumière fut une vraie révolution. Le relief était de retour, et l'utilisateur n'était plus limité par la portée du faisceau des phares. Nombre d'appareils binoculaires de vision nocturne servent aujourd'hui à la grande satisfaction de leurs utilisateurs qui voient, de nuit, presque comme en plein jour, et qui sont utilisés par des pilotes d'avions de combat, par des pilotes d'hélicoptères et, naturellement, par des conducteurs d'engins terrestres de toutes sortes.

 

Voir aussi la page « éclairage » de Patrick MARTIN

 

2 janvier 2024