Le jerrican

 

 

Plus de 70 ans après sa conception, sans que le modèle initial ait fondamentalement évolué, le jerrican, nourrice à carburant selon l'appellation réglementaire de l'armée française, continue d'être un accessoire de base du 4x4 et un compagnon indissociable de la jeep.

 

Définition (Le Petit Robert - édition de 1989)

 

Jerrycan, jerrican : nom masculin (vers 1942, de l'anglais Jerry, surnom populaire des allemands, et can "récipient"). Bidon quadrangulaire à poignée, d'environ 20 litres, utilisé pour la manutention des carburants.

 

Histoire

 

Conçu par Hans-Jurgen Müller, fondateur de la Müller Maschinen GmbH, ce récipient apparaît dans l'armée allemande en 1939. Sa forme parallélépipédique facilite le transport et la manipulation du carburant dont les unités motorisées de la Wehrmacht ont besoin. "Au cours de la campagne de France, du printemps 1940, les troupes britanniques et françaises en récupèrent quelques modèles. L’été suivant, l’un d’eux est envoyé par les Anglais aux Etats-Unis. Aussitôt, l’Etat-major américain adopte le jerrican d’essence et le produit en grande quantité. S’il est copié sur le modèle allemand, il est aussi amélioré. Son orifice de versement est modifié afin de pouvoir y adapter un bec verseur souple et une prise d’air automatique est ajoutée pour permettre de le vider plus rapidement. Le jerrican américain est fabriqué en tôle d’acier ; de couleur verte kaki, jaune sable ou noir ; sa contenance est de 20 l ou 5 galons US (18,93 l) ; ses dimensions sont 47 x 35 x 18 cm. (1) "Entre le débarquement de juin et le début de l'automne 1944, c'est à dire en pleine guerre contre une Allemagne qui est encore loin de capituler, pas moins de 15 millions et demi de "jerricans" vont disparaître sur un total de 17 millions et demi sur l'ensemble du territoire français libéré, soit plus de 300 millions de litres d'essence." (2) Des appels sous formes d’affiches ou de tracts sont adressés à la population par les autorités militaires alliées, au titre explicite : " On recherche jerrican " ou encore " Avis important : Avez-vous un bidon d’essence ? " Les élèves des écoles sont sollicités pour récupérer les jerricans, et des diplômes avec la photo et la signature d’Eisenhower sont remis à ceux qui en collectent le plus grand nombre. De son côté, le Grand Quartier Général Allié rédige le communiqué suivant " Civils, remettez immédiatement soit à votre mairie, soit aux enfants chargés de les ramasser, TOUS LES BIDONS " JERRICAN " que vous pourrez trouver. Surtout ne les donnez pas directement aux soldats, vous entraveriez la marche des convois. "(1)

 

A la fin de la guerre, la production a continué, notamment en France, pour le service des essences des armées (S.E.A.). Ces nourrices françaises sont inspirées du modèle allemand de la guerre (exemple : nourrice SEA de 1945). Un 2e modèle dispose d’un orifice de versement et d’un bouchon à came plus large que le modèle habituel.

 

Ci-dessous : 3 photos de Philippe LEGER (voir bibliographie ci-dessous) d'une nourrice des Forces Françaises en Allemagne (FFA) qui date de 1954. Le fabricant est la firme BROSE & Co de Coburg qui a fabriqué des bidons pour la Wehrmacht pendant la guerre et qui a continué son activité après l'armistice. Son sigle est resté le même. (cliquez sur chaque image pour l’agrandir).

 

(1)    Les objets ont une histoire, extrait d'un article paru sur le site du Mémorial de Caen en 2000 : http://www.memorial-caen.fr/

(2)    Voir bibliographie, ILLEL Marc

 

 

Caractéristiques

 

- contenu : eau ou essence (modèles différents) ;

- contenance : 20 litres ou 5 US gallons (environ 18 litres) ;

- fabrication : 2 coques de tôle emboutie soudées, poignée à 3 barres, bouchon à came ou à vis de diamètre différent selon la destination (eau/essence...) ;

 

Voir aussi un plan superbe de jerrican dû au talent de Philippe RISPAL.

 

 

Bibliographie

* PEPPER David, Le jerrican, l'histoire en bidon in Passion 4x4, n°1, avril 1995, p.26-28

* COWDERY Ray, All-American Wonder (volume 2), U.S.M., LAKEVILLE, U.S.A., 1990, p.241

* ILLEL Marc, Vie et mœurs des GI's en Europe, 1942-1947, Balland, 1981, 269 p. (p.146-147)

* X, Jerricans in Classic Military Vehicles, n°45, février 2005, p.14-15

* TREBOR Bob, Jerrican, in 4x4 STORY, n°3, mai-juin 2005, p.45-48

* VARIN Serge, Le Jerrican in 39-45 Magazine, n°225, juillet-août 2005, p.54-58

LEGER Philippe, son site : http://philippeleger5.wix.com/jerrycan- et ses livres (les références en français et anglais)

Jerrycan, 70 ans et toujours en service, éd. HEIMDAL, 2008, 159p.

Wehrmacht Kanister 20 Liter : une Invention Allemande, le Jerrycan, Ed. HEIMDAL, 2014, 160p. en co-écriture avec Stéphane, ARQUILLE

* ARQUILLE Stéphane, son site : http://sdkfz7.free.fr/

 

 

Identification du carburant :

 

D'après la notice Entretien du matériel automobile, Ecole d'Application du Train, 1953, p.89, la nature du carburant sera identifiée par des attaches métalliques de couleur et de profil variables. En attendant, dans un rectangle de 6 x 8 cm :

 

A : appellation standardisée ou à défaut réglementaire abrégée

B : dépôt livrancier

C Date de conditionnement.

 

Actuellement, l’identification du carburant est faite par l’apposition d’un autocollant sur le jerrican précisant le type du carburant embarqué (cf. TTA150-titre XVIII - Maintenance et mise en œuvre des matériels automobiles)

 

◄XF04 photo JLM201

F46 photo Philippe LEGER.►

 

Les becs verseurs « armée française »

 

A gauche, l’accroche du modèle 1954

 

A droite, l’accroche un peu différente du modèle 1958.

 

31 décembre 2023 – Jerrican de modèle inconnu

 

Ci-contre le dessin de Stéphane Arquille d'un Jerrican de modèle inconnu de 1945 "COL et AEM".

AEM signifie « action de l’état en mer » mais que signifie COL ? Philippe LEGER émet quelques hypothèses : unité ou service (COLonie) ou contenu (de type COLorant) ?

 

Réponse souhaitée : philippe.leger5@wanadoo.fr et jlm@hotchkissm201.com

 

 

8 avril 2016