couleurs  et camouflage

   

 

 

Le choix de la couleur d'un véhicule militaire répond à un objectif principal : la dissimulation dans son environnement. On parle alors de camouflage qui peut se réaliser par la pose de filet de camouflage ou l’emploi de matériaux naturels (projection de boue, application de branchages, etc.). Une complication plus efficace encore du camouflage est fournie par le bariolage (dessins disruptifs) dont l'effet est de rompre la forme. Ces dessins peuvent être formés de taches ou de bandes pouvant se combiner.

 

A l’exception des Sahara peintes en couleur crème, les M201 sont sorties des usines Hotchkiss peintes en kaki, dit aussi vert armée, avec différentes nuances selon les lots de peinture. Cette couleur avait l'avantage de s'harmoniser avec la plupart des paysages de l'Europe occidentale et présentait une efficacité certaine contre les procédés d'observation de l'infrarouge proche (photographies, lunette électronique) ce qui n’était pas le cas des autres peintures.

 

L’évolution technologique des peintures aidant, le bariolage trois tons (vert foncé - brun terre- noir), dit Centre Europe, s'est généralisé dans l'armée française (cf. Schéma) à partir de 1987 (MAT2636 « Instruction technique sur les marquages et le camouflage des matériels » ainsi que sa fiche technique annexe FT11101 « relative au bariolage des matériels dans les unités »).

 

Didier MAHISTRE, alors sous-officier adjoint du peloton antichar du 3e Escadron du 1er RHP à TARBES, témoigne : nous avons peint les véhicules aux trois couleurs camouflages à l'été 1987. Les sous-officiers adjoints des pelotons avaient fait nettoyer et dégraisser les véhicules et démonter les bâches. On masquait les plaques, les optiques avec de la graisse G414, du scotch d'emballage et des vieux journaux pour les deux éléments du pare-brise. Puis nous sommes allés avec tous les conducteurs et pare-brise baissé à l'ATS, derrière les bâtiments et à l'air libre. Là, on passait un produit d'accroche sur les anciennes peinture vertes de tous les véhicules ainsi que les bâches, puis à l'aide de croquis en fonction du type de véhicule (Jeep ou remorque), on dessinait à la craie les formes du camouflages et nous mettions des lettres N, BT et VF pour noir, marron et vert. Toutes les équipes de 1er échelon nantis de leurs pistolet à peinture alimentés par les compresseurs FOG, appliquaient les couleurs. Nous tous, en combinaisons, nous avancions poste par poste, descendions, puis une équipe appliquait le vert, on remontait, avançait et une autre équipe appliquait le marron... Ensuite on garait le véhicule. Nous sommes revenus les chercher le lendemain pour les reconditionner au quartier Larrey. La 1ère manoeuvre effectuée fut Kecker-Spatz. Nous avons franchi le Rhin à Illkirch-Graffenstaden puis foncé plein pot pour la Bavière du 16 au 28 septembre 1987 puis jusqu'à Munich. Puis "exercice second de personne", campagne de tir Milan et manoeuvre à Munsingen avec le 3e RH. Refranchissement du Rhin du côté de Mulhouse, descente de la vallée du Rhône pour atteindre Canjuers, campagne de tir avec les escadrons ERC 90. Enfin, retour à Tarbes en passant par Montpellier, Toulouse, Lannezan, soit un peu plus d'un mois.

 

▲ M201 et remorque en livrée 3 tons « Centre Europe » ▲

 

Les troupes de montagne adoptaient une livrée hivernale spécifique blanche à taches sombres (voir aussi).

 

Sur certains théâtres d’opérations extérieures (Outremer, Tchad, Koweït – opération Daguet de 1991), c’est un bariolage à deux tons sable et brun terre qui est employé.

 

Ce principe de dissimulation souffre toutefois de rares exceptions comme par exemples :

- la peinture en blanc des véhicules agissant dans le cadre de l'O.N.U. : M201 de la Force d'Interposition des Nations Unies au Liban (FINUL - 1978). Dans ce cadre, il est vital pour les forces d’interposition ou les observateurs d’être vus.

- les véhicules des théâtres extérieurs (ex. : M201 de Police Militaire - Djibouti - 13e D.B.L.E.) avaient déjà adopté avant la standardisation du bariolage Outremer une livrée spécifique. Dans ces zones où la chaleur ambiante réduit la signature infrarouge du véhicule, l’adoption de peintures non traitées est moins importante que la protection offerte par un bariolage adapté.

 

Voir sur le bariolage : La peinture de camouflage des véhicules de l'armée de terre française aujourd'hui, Thomas SEIGNON et Jérôme HADACEK in Steel Masters, n°104, avril / mai 2011, p.6-13

 

Un autre procédé de dissimulation des véhicules est l'emploi d'un filet de camouflage.

 

 

 

 

 

 

 

 

◄ Jeep dissimulée par son filet de camouflage synthétique garni modèle 1962 n°1

 

D’après la notice TTA 712/1 (sur l'emploi et la mise en oeuvre de la dissimulation), « le filet de camouflage synthétique garni standard modèle 1962 a été conçu principalement pour le camouflage des véhicules. Il est constitué d’une ossature en fils synthétiques de 8 centimètres sur laquelle est fixée à demeure une garniture en feuilles de chlorure de polyvinyle, entaillées pour donner un relief suffisant grâce aux écailles ainsi obtenues. Un cordeau périphérique en matière synthétique est cousu tout au long de la bordure de l’ossature qu’il renforce. Le filet possède deux faces de couleurs différentes ; l’une est destinée au printemps et en été (couleurs : vert pré, vert foncé, vert olive), l’autre en saison d’automne ou d’hiver (couleurs : vert forêt, vert olive, brun terre). »

 

Les filets standards modèle 1962 existent en 5 tailles : pour la M201, celui-ci (n°1) doit être d'une dimension de 6,80m par 6,80m. L’emport de ce filet diffère selon l’emploi des M201 :

-        Sur une M201 standard (bulletin technique n°492/AU du 24 février 1964 (Transport de filet de camouflage synthétique garni Mle 1962, n°1 sur VLTT 1/4 T), le support du filet de camouflage est fixé sur la roue de secours (merci à Emile PROTZ pour les photos - voir aussi le site de TVD).

-        Sur une M201 aménagée pour le transport de canon de 106-SR, ), le filet est fixé par des sangles sur le couvercle de la boîte aux accessoires placée au dessus de l’aile arrière droite – cf. bulletin technique n°493/AU du 28 mars 1964 (Transport de filet de camouflage synthétique garni Mle 1962, n°1 sur VLTT ¼ T aménagés pour le transport de canon de 106-SR).

-        Sur une M201 ENTAC (puis plus tard sur les M201 MILAN, le filet est posé dans un support fixé entre le pare-choc avant et la calandre (cf. bulletin technique n°700/AU du 11 février 1969 - Support de filet de camouflage pour VLTT ENTAC) - (voir aussi le site d’Andrew Carter).

 

▲ ECR : 2 conteneurs fixés sur la roue de secours, 1 conteneur sur l’aile côté passager ▲

Le filet de camouflage modèle 1962 a été complété au décours des années 1980 par des écrans de camouflage rapide (ECR) de dimension standard dont le nombre varie selon la dimension du véhicule à dissimuler (3 pour les VLTT de tous types). Son installation est prévue par le bulletin technique n°11316 du 2 mars 1990 (Installation de 3 conteneurs d'écrans de camouflage rapide (ECR). Permettre la mise en oeuvre des équipements de camouflage rapide).

 

 

29 octobre 2011