PERIODES DE RESERVE :
SAC du 164e RI, 1985-1990

Source : Nicolas Conreur - http://nicokubel.blogspot.fr/

la Kübelwagen de Nicolas à Donchery en septembre 2013

En septembre 1970, le 150e RIM a absorbé les effectifs du Centre d'instruction du 164e RI dissous qui devient ainsi son régiment de réserve. Le 16-4 disposait d'une compagnie de commandement, d'appui et de soutien (CCAS) comprenant entre autres une section d'éclairage, une section de mortiers lourds et une section antichar (SAC).

La SAC était équipée de jeeps Hotchkiss M201 armées de canon de 106SR M40, de jeep radio pour les chefs de groupe et de camionnettes (de réquisition ) pour le transport des munitions. J'ai eu la chance de commander cette SAC de 1985 à 1990, date de la dissolution du 150e RI.


M201 106SR M40 n°23773 de 1964 immatriculée 625-1468 (immatriculation d'origine 241 0034). Après sa vente par les Domaines, elle poursuit sa carrière civile en Grande-Bretagne.


M201 106SR M40 n°5811 de 1958 immatriculée 645-0480
(immatriculation d'origine 031 045)
.
Plus de précisions sur les 106SR M40

En 1985, à la fin de mon service militaire en tant qu'aspirant à la compagnie d'instruction du 150e RI. de Verdun, on m'a proposé d’intégrer le « 16-4 », régiment de réserve du 150. En 1986, le 16-4 était commandé par un colonel de réserve que je connaissais du temps de mes P.M.T. Il m'a proposé de prendre le commandement de la section antichar du 16-4.

J'ai pris en compte 6 jeeps M201 équipé de 106SR et 4 jeeps M201 dont au moins une équipée de radio. Les camionnettes transportant les munitions devaient être récupérées par réquisition en cas de mobilisation.

Les Jeeps étaient stockées en permanence dans des hangars dépendant du 150e RI. Elles ne sont sorties que deux fois en six années. Une fois pour une campagne de tir à la 12,7mm de réglage et une fois pour un stage tir au 106SR. Il n'y avait personne de formé dans tout le 164e pour le combat antichar avec le canon de 106SR. Seul un commandant du régiment d'active, ancien chef de section AC, a pu me donner quelques conseils. Et c'est un adjudant chef, spécialiste en armement qui est venu animé les stages de tir.

Dans tous les cas, la mission de la SAC, se limitait, dans le cas d'une invasion des forces rouges à livrer des combats retardateurs en montant des embuscades sur les arrières du régiment.

Les jeep 106SR étaient équipées de suspensions renforcées en raison du poids de l’affût et du canon. La tenue de route était mauvaise, surtout en tout terrain, en raison du déplacement du centre de gravité, mais heureusement ma section n'a jamais eu d'accident.



Quai de chargement du camp de Suippes. Derrière la P4 du capitaine, les jeep de la SAC. Le déplacement s'est fait par la route de Verdun à Suippes.


Réglage du télescope M90 par le tireur. On aperçoit le tube de la "mitrailleuse" M8 de réglage du tir. C'est arme qui tire en semi-auto des munitions Spotter M48 en calibre 50 (12,7mm), traçante et fumigène ayant la même courbe balistique que l'obus de 106SR. A noter l'équipement « pur-porc » pour MAT49 aux flancs de ce réserviste.

Le stage de tir canon a eu lieu sur le camp de Suippes. Le tireur, après avoir pris en compte l'objectif dans la lunette (télescope M90), tirait le bouton de réglage vers lui. Cette action provoquait le tir de l'arme de réglage (M8C appelé couramment la mitrailleuse). En fait, l'arme de réglage en calibre 50 (12,7mm) est une arme semi automatique approvisionnée par chargeurs de 5 coups. La munition de calibre 50 Spotter M48, est différente de la traditionnelle 12,7 mm. Elle a une flèche identique à l'obus de 106SR. Cette munition traçante dégage un petit nuage de fumée à l'impact. Si l'objectif est atteint, le tireur repousse la molette provoquant le départ du coup de 106. Lorsque le tir s'effectue depuis la jeep, le moindre mouvement d'un passager peut compromettre la précision du tir, la suspension très souple de la jeep entraînant des oscillations. Au départ du coup, l'éjection des gaz de compensation du recul provoque une flamme très importante sur l’arrière. Lors des tirs d’entraînement, une zone dangereuse de 30 mètres avec un angle de 120° était établie et une zone de précaution de 60 mètres était respectée. Le tir était loin d' être discret : bruit , flamme , nuage de poussière... En mode combat, le conseil était « frappes qu'un coup et barres toi vite ». La vitesse de l'obus est basse (max 600 m/s) rendant très aléatoire le tir sur un objectif en mouvement. Le poids de l’affût et du canon (+ de 220 kg) était un obstacle au tir à terre en raison de la pénibilité des opérations de chargement et déchargement. Il existe plusieurs types de cartouche pour le 106SR (calibre 105mm) : antichar ou antipersonnel, explosif, à charge creuse, canister (contenant des billes) ou à fléchettes. Personnellement, ma section n'a utilisé que des cartouches antichar à charge creuse.



Sur le champ de tir , le coup vient de partir.. la flamme à l’arrière est en train de mourir. La zone dangereuse à l'arrière fait 30 mètres sur un angle de 120° degrés. Une zone de précaution de 60 mètres est également à respecter en raison des projections de cailloux généré par le souffle.

Ejection de l'étui en métal ajouré d'un obus à charge creuse


Et une dernière pour la route ! De gauche à droite :
645 0483 : M201 106SR n°24266 de 1964 (immatriculation d'origine 241 0345)
625 1466 : M201 106SR n°22702 de 1963 (immatriculation d'origine 231 2665)
645 0058 : M201 Radio n°22896 de 1963 (immatriculation d'origine 231 2859)

26 avril 2014